Tout le monde ne caresse pas le rêve de devenir associé d’un grand cabinet d’avocat. Une carrière en droit dans une petite ville peut convenir à bien des gens. Que font les avocats loin des grands centres ?
« À l’université, on avait eu une formation sur le droit en région et on nous disait que ce n’était pas du droit de motoneige ! » se souvient Me Andréanne Lascelle-Lavallée, présidente de l’Association des Jeunes Barreaux de Région (AJBR), une organisation qui représente les droits des avocats de 10 ans et moins de pratique en dehors de Montréal et Québec. Pour celle qui s’est spécialisée en droit familial jeunesse, il ne fait aucun doute que les dossiers de qualité existent aussi bien en région que dans la métropole ou dans la capitale. « On a des dossiers très intéressants où l’on fait jurisprudence », dit-elle, citant en exemple le procès Lac-Mégantic, qui s’est déroulé à Sherbrooke, ou encore celui visant SNC-Lavalin dans le dossier de la pyrrhotite à Trois-Rivières.
Gravir les échelons plus rapidement
La taille des cabinets d’avocats rétrécit le plus souvent lorsqu’on sort de Québec et de Montréal, un format qui comporte des avantages pour la relève qui sera appelée à prendre sa place plus rapidement. « On peut avoir des mandats plus intéressants dès la jeune pratique, être amené à plaider très rapidement parce que, justement, on n’est pas le stagiaire numéro un dans un cabinet où il y a seulement l’avocat senior qui va plaider », expose la présidente de l’AJBR.
Ces occasions sont décuplées par le manque d’avocats qui se fait sentir dans de nombreux coins du Québec. « On remarque en région qu’il y a souvent des avocats qui veulent prendre leur retraite et qui cherchent à transférer leur clientèle à une nouvelle génération », dit Me Lascelle-Lavallée. De quoi démarrer sa carrière du bon pied, surtout lorsqu’on considère que « les salaires sont équivalents à ceux des grands centres, mais avec un coût de la vie moins élevé ».
La nécessité de la polyvalence
Si les avocats en région ne manquent pas de travail, ils doivent toutefois diversifier leur pratique, à moins d’avoir choisi le droit criminel. « Je trouve que c’est bien, parce que plus on vieillit et plus on peut se permettre de choisir ses mandats. »
Plus grande proximité entre collègues
« Les Barreaux comptent moins de membres, alors on se connaît davantage, ajoute Me Lascelle-Lavallée. Il y a une collégialité qui s’installe plus facilement, un soutien naturel qui se fait entre les membres, envers les jeunes justement. » Les tables de concertation peuvent ainsi regrouper la magistrature ainsi que l’ensemble des avocats travaillant dans une branche de la justice. « À Montréal, ils ne peuvent pas rassembler dans une salle tous les avocats pour leur dire comment ils vont gérer les dossiers en matière jeunesse, explique l’avocate, mais à Trois-Rivières, nous sommes 10 avocats à en faire… On est capable de donner plus facilement notre point de vue en ce qui concerne l’administration de la justice que dans les grands centres, où l’on est un parmi plusieurs autres… »