Après plusieurs années au service d’un grand cabinet, de nombreux avocats envisagent la création de leur propre bureau. À quel moment se lancer sans prendre trop de risques, comment ouvrir son cabinet d’avocats avec succès? Conseils de Maude Fréchette, avocate associée et cofondatrice de Yulex.
Se lancer à son compte est le rêve de nombreux avocats. Avant de plonger, il faut toutefois avoir conscience des efforts et des difficultés qui nous attendent. « On doit s’attendre à des heures et des heures de travail, témoigne Maude Fréchette. C’est aussi un lourd investissement, puisqu’il faut recruter une équipe, louer un bureau, acheter le mobilier, aller négocier avec les fournisseurs… Je ne pensais pas que cette gestion administrative prendrait tant de temps ! »
Tirer son épingle du jeu
Après avoir travaillé de nombreuses années dans un cabinet de renom, Maude Fréchette et trois associés ont ouvert Yulex, un cabinet spécialisé en droit des affaires, en propriété intellectuelle, en technologie, en litige commercial et en fiscalité. Pour choisir son domaine d’activité, elle conseille de s’appuyer sur les besoins du marché et sur ses compétences. « Quand on fait un peu de tout, on n’est excellent en rien, dit-elle. C’est important de trouver sa niche afin de se différencier sur le marché. Si on fait à la fois du pénal, du criminel et du civil, à un moment donné, on se disperse. »
Il y a-t-il un moment idéal pour ouvrir son cabinet d’avocats ?
Que ce soit à la sortie de l’école ou après avoir fait ses armes dans un cabinet, le moment propice pour ouvrir son propre bureau dépend de chaque individu, selon Maude Fréchette : « Il n’y a pas de meilleur moment, il faut plutôt trouver son propre momentum. On doit investir beaucoup d’énergie, il faut donc que ce soit à une période de notre vie où on veut le faire, où on n’a pas peur de se lancer et où on est déterminé à foncer. »
Par manque d’emploi ou par esprit d’entrepreneuriat, de plus en plus de jeunes avocats décident de se lancer en affaires. Admirant leur détermination, l’avocate expérimentée conseille cependant de pratiquer d’abord un certain temps auprès de professionnels. « Cela prend plusieurs années avant d’être à l’aise en droit. L’idéal est donc d’aller chercher de l’expérience en cabinet pour voir comment ça se passe et recevoir un peu de mentorat à l’interne, explique-t-elle. Ça permet aussi de voir comment on gère une affaire et d’apprendre les rudiments de la dimension administrative. »
Seul ou avec des associés ?
Avant de se lancer, il faut se poser une question fondamentale : partira-t-on à l’aventure seul ou en équipe ? Maude Fréchette a obtenu cette réponse grâce à des tests de personnalité. « Je voulais voir si j’étais une leader d’équipe ou s’il valait mieux que je monte seule mon cabinet », raconte-t-elle. L’avocate a résolu de s’associer avec des collègues de longue date. « Partir à plusieurs m’a permis de partager les tâches et de me challenger. Diriger un cabinet d’avocats, c’est gérer des ressources humaines, des clients… Ça exige des compétences importantes dans de nombreux domaines. »
Ouvrir son cabinet d’avocats demande peut-être des heures acharnées de travail, une stratégie de marché bien ficelée et un investissement important, mais le jeu peut en valoir la chandelle ! « Ton entreprise, tu la crées selon ta personnalité et tu lui donnes la couleur que tu veux, conclut Maude Fréchette. Au final, c’est très stimulant… Et je ne reviendrai jamais en arrière ! »