Recrutement juridique: Entrevue avec un recruteur

ENTREVUE AVEC CAROLINE HANEY, ASSOCIÉE, RECRUTEMENT JURIDIQUE HANEY

Après 10 ans d’expérience dans le recrutement juridique, Caroline Haney a monté depuis 2006 son propre cabinet : Recrutement juridique Haney. Son équipe recrute principalement des avocats, de tout niveau d’expérience et de toute spécialité, aussi bien pour des cabinets que pour des entreprises. Occasionnellement, des notaires, des agents de brevets et des agents de marques de commerce sont également demandés. Caroline nous livre des conseils avisés qui seront précieux à tout juriste soucieux de développer sa carrière.

COMMENT RECRUTEZ-VOUS ?

Tout commence lorsqu’un client nous sollicite pour recruter un nouveau collaborateur. Nous étudions sa demande pour comprendre son besoin, puis nous commençons notre recherche au sein de notre réseau de contacts. En tant que cabinet de recrutement spécialisé, nous sommes, en effet, en contact avec un grand nombre de professionnels du métier, en poste ou en recherche d’emploi : ils sont nos interlocuteurs privilégiés lorsque nous recherchons un profil. Nous affichons également les postes sur des sites Internet de recrutement spécialisés tels que www.legaljobs.ca. Autre source intéressante de candidats potentiels : la chasse directe. Nous nous intéressons, en effet, à la presse et nous effectuons des recherches sur Internet pour identifier les avocats et juristes le plus en vue dans la spécialité concernée.

QUELS SONT LES SECTEURS QUI RECRUTENT LE PLUS, SELON VOUS ?

Le droit de l’immobilier manque particulièrement d’avocats. Pourtant, il s’agit d’une filière intéressante, avec de grands enjeux. Les spécialistes de ce secteur sont peu nombreux à être reconnus, ils sont donc surchargés, mais aucune relève n’est prête pour l’instant.

Les avocats en droit des fiscalités et en droit corporatif sont également à la recherche de successeurs, les jeunes juristes ayant tendance à partir à New York, Paris ou Londres, certainement par goût d’aventure et de nouveauté. Ces secteurs sont donc en manque cruel d’avocats et recrutent activement des spécialistes.

On observe également une pénurie importante de juniors ayant déjà acquis une certaine expérience par l’entremise de stages et de professionnels intermédiaires cumulant trois à cinq ans d’expérience. Ces profils sont notamment très recherchés par les cabinets. Globalement, les recruteurs qui s’adressent à nous ont une préférence pour les personnes ayant environ trois à quatre ans d’expérience en cabinet et connaissant le droit des affaires, le droit corporatif et la fiscalité.

QUELLES QUESTIONS POSEZ-VOUS LORS DE L’ENTREVUE ?

Je cherche d’abord à savoir dans quel contexte nous nous rencontrons : si le candidat a présentement un emploi et quelles sont les raisons qui le poussent à changer d’employeur. Je demande aussi ce qui le rend heureux, quels sont ses points forts et quels sont ceux qu’il reste à améliorer. Il est important de savoir également avec quel genre de personnes le candidat est capable de travailler, pour estimer la compatibilité avec le poste à pourvoir et avec ses futurs collègues.

Je veux avoir des précisions sur l’expérience passée et sur le cheminement du candidat : pourquoi, par exemple, avoir choisi de faire du droit ? Quels secteurs l’intéressent ? Quel est son plan de carrière ? Quelles sont ses attentes en matière de tâches et de salaire ?

QU’EST-CE QU’UN BON C.V., SELON VOUS ?

Un bon C.V. peut se lire en 15 secondes. Il doit être clair, net et bien présenté, avec des rubriques distinctes. Les tirets permettent, par exemple, une lecture plus rapide. On doit tout de suite distinguer les postes occupés et les anciens employeurs. Les candidats peuvent joindre des annexes pour compléter leur candidature, mais le C.V. perd tout son intérêt s’il fait plus de deux pages. L’information est alors diluée et les détails importants ne sont pas visibles.

Lorsque je reçois un C.V., j’étudie la candidature en comparant le profil du candidat avec le profil du poste à combler. Je m’attarde notamment sur l’expérience du candidat et sur ce qu’il recherche dans sa future fonction.

VERS QUELS AUTRES MÉTIERS UN JURISTE PEUT-IL ÉVOLUER ?

Il y a un adage qui dit « le droit mène à tout », mais on s’oriente surtout en fonction de ses qualités personnelles spécifiques. Un juriste peut évoluer vers la politique, les ressources humaines, les médias, les relations industrielles…

Un avocat peut aussi évoluer vers le poste de vice-président d’une entreprise ou de son développement, vice-président en fusion et acquisition ou encore président d’une organisation, mais cela reste rare.

QUELS SONT LES DOMAINES ÉMERGENTS ?

De plus en plus, on voit apparaître une vague de recours collectifs. Pourtant, ce dispositif n’est pas nouveau, il a toujours existé, mais il est de plus en plus utilisé.

Le droit des personnes âgées en est à ses débuts, mais il y a un bon potentiel dans ce secteur, puisque la population vieillit. Enfin, le droit des avantages sociaux et le droit des régimes de retraite deviennent populaires du fait de leur complexité, les salariés n’hésitant plus à attaquer leur employeur…

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