Entretien avec Pearl Eliadis, Avocate en droit international

« Il faut faire preuve d’une tolérance extraordinaire »,
Pearl Eliadis, avocate (B.C.L., L.L.B. B.C.L. (Oxon.), droits de la personne, des institutions nationales et du développement démocratique, Montréal, Québec

COMMENT VOUS ÊTES-VOUS SPÉCIALISÉE DANS CE DOMAINE DU DROIT ?

Le cheminement pour aller dans la branche que l’on désire n’est pas toujours évident ! J’ai effectué mon début de carrière dans un grand cabinet corporatif car on y reçoit une bonne formation dans tous les domaines du droit. En tant que présidente de la Fondation canadienne des droits de la personne (aujourd’hui Equitas), j’ai ensuite été engagée par la Commission ontarienne des droits de la personne au haut comité de gestion. C’est à ce moment-là que je me suis réellement investie dans les aspects internationaux du droit : l’Ontario est devenue la première province (exception faite du Québec) où les principes internationaux étaient intégrés à la politique et à la loi. Les Nations Unies se sont alors intéressées aux travaux de la Commission, et le PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement) m’a proposé un projet qui visait la création d’une institution sur les droits de la personne au Rwanda, après le génocide.

QUELS TYPES DE DOSSIERS TRAITEZ-VOUS ?

Les dossiers que je traite ont presque toujours des implications internationales. Ainsi, je me suis dernièrement penchée sur la situation au Sri Lanka, qui a vécu une nouvelle phase de guerre civile en 2008. Une organisation intergouvernementale m’a donné mandat pour faire le point sur la situation dans le pays. Il s’agissait de rédiger une analyse juridique sur l’impact du conflit, et surtout sur les droits civils et politiques. Mon rôle était de déterminer si oui ou non ce gouvernement respectait les conventions internationales qui ont été signées par le pays. Pour cela, il a fallu m’entretenir avec l’ensemble des acteurs concernés : police, juges, membres du gouvernement, ONG, avocats de détenus,…

QUELS SONT VOS PROCHAINS PROJETS ?

Actuellement, j’ai plusieurs nouveaux projets en perspective. L’un concerne la Chine et le droit du travail des travailleurs migrants. Il ne s’agit pas des travailleurs étrangers, mais des Chinois qui viennent des régions rurales pour fournir de la main-d’œuvre aux entreprises dans les villes. L’autre projet vise à créer, au Canada, un bulletin sur les droits de la personne et à répertorier les pratiques des quatorze juridictions du Canada.

DE QUELLES QUALITÉS FAUT-IL FAIRE PREUVE POUR TRAVAILLER DANS LE DROIT INTERNATIONAL ?

J’ai une formation en droit civil et en droit commun, nécessaire pour pouvoir travailler dans les régions du Commonwealth et dans les pays qui se sont inspirés du système continental comme celui de la France, de la Belgique ou de l’Allemagne.

Concernant la pratique du droit international, les compétences linguistiques sont aussi particulièrement importantes. En Afrique occidentale, par exemple, la maîtrise du Français est presque impérative.

Ensuite, il faut faire preuve d’une tolérance extraordinaire, ce qui, paradoxalement, n’est pas toujours le cas de ceux qui travaillent dans la branche des droits de la personne. Être flexible fait partie de cette tolérance. Enfin, même si l’organisation n’est pas parfaite, on se doit de reconnaître le bien-fondé de la mission des Nations Unies.

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