« J’apporte du réconfort quand les droits ont été bafoués »
POUVEZ-VOUS DÉCRIRE VOTRE ACTIVITÉ ?
Je représente des personnes qui ont été licenciées par leur employeur. Je les aide à un moment critique de leur vie professionnelle. La plupart du temps, celui ou celle qui vient de se faire notifier son renvoi, qu’il soit justifié ou non, est en état de choc. Ces personnes ont besoin d’une aide concrète. Alors je suis là pour être compréhensif et pour établir avec précision leur situation. L’important, pour un avocat, c’est de bien prendre en compte l’aspect humain d’un problème. Le travail en cour est une stimulation supplémentaire.
Je me félicite souvent d’avoir choisi cette partie du droit. Si j’étais avocat de société, par exemple, je pense que je m’ennuierais très rapidement, à force de travailler avec des documents plutôt que des personnes.
CETTE FORTE PRÉSENCE DE LA RELATION HUMAINE EST-ELLE DÉTERMINANTE ?
Au cours de sa carrière, chaque avocat fait un choix, délibéré ou non. Soit il se retrouve à travailler dans un bureau et à gérer des transactions. Soit il passe le plus clair de son temps dans les salles d’audiences. C’est ce que je considère comme stimulant, même si j’ai conscience que beaucoup en sont intimidés, et particulièrement les justiciables. En les représentant, je leur tiens la main, je leur apporte une forme de réconfort, notamment lorsque leurs droits ont été bafoués.
CE QUI SIGNIFIE TRAVAILLER DANS UN CLIMAT DE DÉTRESSE…
Je dois effectivement composer avec énormément de sentiments négatifs. Pour chaque dossier, je m’astreins donc à être détaché. Je considère le dossier purement comme un « cas juridique ». Le client attend de son avocat qu’il agisse. Et si je leur tiens la main, il ne s’agit pas de pleurer avec eux. Leur détresse quasi systématique me pousse également à tracer une ligne. Le temps de travail reste le temps de travail. Évidemment, il y a des exceptions, mais je m’efforce à garder toute cette matière dans une sphère exclusivement intellectuelle.
POURRIEZ-VOUS DONNER UN EXEMPLE DE DOSSIER SIGNIFICATIF ?
Récemment, un quinquagénaire a fait appel à moi car il venait d’être renvoyé de son entreprise après quinze ans de services. Au titre des indemnités de licenciement, son employeur lui a accordé l’équivalent de deux semaines de salaire. Il en demandait quatre, ce que l’entreprise a refusé. Poussé par son entourage, il s’est donc décidé à consulter un avocat. Il était évidemment très surpris lorsque je lui ai annoncé qu’il avait droit à un mois de salaire par année travaillée. Il ignorait simplement la loi.
QUELLES COMPÉTENCES FAUT-IL DÉVELOPPER ?
Cela demande une grande capacité d’analyse car il faut évaluer une affaire avec parfois peu de matière. Et les personnes qui font appel à moi n’ont pas toutes un dossier valable, certaines ont été licenciées pour des raisons fondées. Il faut donc savoir changer de point de vue pour considérer tous les aspects, et finalement décider si les poursuites que l’on s’apprête à engager sont légitimes. Par ailleurs, il faut connaître les bases de la négociation afin de parvenir à des compromis. Enfin, il s’agit d’être persévérant et de savoir faire accepter des concessions. Ainsi, si un dossier est faible, il vaut mieux un accord à l’amiable même peu avantageux plutôt qu’un procès en cour qui s’avèrera être une perte de temps et d’argent.
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