Jeune avocate de 26 ans, Sophie Rompré obtient son permis d’exercice du Barreau du Québec en 2003. Elle débute sa carrière au sein du département de litige d’un cabinet canadien d’envergure spécialisé en droit commercial et peut ainsi se roder au métier d’avocat pendant près de deux ans. Mais Sophie rêve d’un grand voyage, elle choisit donc de prendre une année sabbatique en 2005 et fait sa valise pour l’Amérique latine qu’elle parcourt pendant une année. À son retour, elle prend la décision de se spécialiser en droit des nouvelles technologies, domaine qui la passionne depuis longtemps. Elle opte pour la reprise des études et se lance dans une maîtrise à l’Université de Montréal. Depuis 2007, elle applique ses nouvelles compétences en travaillant à mi-temps pour Stream The World, compagnie québécoise offrant des services de distribution de contenu numérique audio et vidéo sur Internet. En parallèle, elle finalise la rédaction de son mémoire de maîtrise. Enrichie d’expériences professionnelles très différentes dans des domaines distincts du droit, Sophie nous décrit le quotidien de ses deux métiers.
EN QUOI CONSISTE LE TRAVAIL D’AVOCATE EN LITIGE COMMERCIAL, VOTRE PREMIER MÉTIER ?
Je travaillais au sein d’un important cabinet et occupais un poste d’avocate junior. On me confiait principalement les dossiers de clients de moins de 100 000 $ ainsi que des dossiers plus conséquents mais en assistance à la cour. En tant que junior, j’étais supervisée par les associés mais je gardais d’importantes responsabilités. Ce cabinet investit, en effet, beaucoup dans la relève. Loin de me cantonner à de la recherche, comme c’est souvent le cas en débutant, je gérais véritablement mes propres dossiers de A à Z.
Comme tout avocat en litige, je devais connaître parfaitement mes dossiers. Je me chargeais de la préparation des interrogatoires, des requêtes interlocutoires, des plaidoiries, des témoignages, le tout sous la supervision des associés de mon département. Je plaidais devant la Cour de pratique en moyenne trois fois par semaine et, en un an et demi, je me suis occupée seule de deux procès complets. J’ai assisté des associés dans deux procès de longue durée et j’ai également eu la chance de plaider devant la Cour d’appel.
La gestion de mes dossiers n’impliquait pas uniquement les représentations devant la cour. Je m’occupais également de la recherche de jurisprudence, de la stratégie à adopter dans les dossiers, de la préparation des procédures, de la production de la preuve et des négociations de règlements hors cour.
J’ai beaucoup appris au cours de cet emploi. Les associés étaient très disponibles, et je pouvais facilement les consulter pour discuter de mes dossiers et des problèmes que je rencontrais. On m’a confié de grosses responsabilités rapidement, ce qui m’a permis de développer de bons réflexes et d’acquérir une expérience unique dans mon domaine.
POURQUOI ÊTRE PARTIE ?
J’ai été avocate à 22 ans, c’est très tôt… De plus, je souhaitais me spécialiser pour acquérir une expertise dans un domaine bien particulier. Je sentais que mon domaine de pratique était trop généraliste pour moi. Enfin, j’avais une grande envie de voyager. J’ai donc décidé de partir une année en Amérique latine et de me spécialiser ensuite dans le droit des nouvelles technologies, domaine qui m’a toujours attiré.
AUJOURD’HUI, COMMENT SE DÉROULE VOTRE TRAVAIL EN TANT QU’AVOCATE D’ENTREPRISE DANS LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ?
Stream The World se spécialise dans le développement des technologies de distribution de contenu numérique. Sa clientèle est formée principalement de fournisseurs de contenu Internet, tels que des stations de radio commerciales ou encore des diffuseurs de contenu vidéo. La compagnie offre une solution permettant à ses clients de diffuser leurs signaux radiophoniques ou encore leurs fichiers vidéo sur demande, sans que leurs visiteurs aient à subir l’attente occasionnée par le téléchargement de fichiers.
En tant que conseillère juridique interne, je m’occupe de tous les aspects légaux de l’entreprise: respect des droits de propriété intellectuelle, préparation des contrats avec les clients, révision des contrats avec les prestataires de services, protection des renseignements personnels, responsabilité du contenu, licences de logiciels,… Ces aspects sont communs à beaucoup d’entreprises mais le fait d’évoluer dans le domaine des technologies de l’information leur donne une complexité supplémentaire. Je suis, par ailleurs, amenée à travailler avec toute l’entreprise, laquelle compte actuellement une trentaine d’employés, en plus des cadres.
Il s’agit d’un domaine en pleine évolution et, faute de réforme législative sur certaines questions, plusieurs vides juridiques demeurent. Comme les technologies de l’information évoluent en permanence, de nouvelles questions surgissent continuellement et il est parfois difficile de déterminer l’approche légale à adopter. Internet est un environnement qui ne connaît pas de frontières, ce qui pose également le problème de la législation applicable. De plus, comme dans tout domaine du droit, le conseiller juridique se doit de comprendre ce dont il traite, afin de pouvoir prévenir et cerner tous les problèmes législatifs qui en découlent. Je dois donc connaître parfaitement le fonctionnement de la technologie développée et utilisée par l’entreprise dans le cadre des services qui sont offerts aux clients.
Je suis très heureuse de mon nouvel emploi. Je me sens vraiment concernée par le domaine des nouvelles technologies et j’espère pouvoir contribuer à son évolution. Devoir comprendre à la fois le côté technique et l’aspect juridique de l’entreprise me motive, je suis un peu une juriste informaticienne… Personnellement, ce défi me passionne. C’est un domaine du droit en pleine ébullition, dynamique et créatif, dont il reste encore beaucoup à construire. Après tout, la technologie c’est l’avenir